Edition n° 1243 Mercredi 11 février 2009 Chronique d'un mercredi sur deux «CE SITE RISQUE D'ENDOMMAGER VOTRE ORDINATEUR»... Bonjour les gens, Il s'est passé il y a une dizaine de jours un événement amusant. Enfin, amusant n'est peut-être pas le mot qui convient, intéressant, dirons-nous. C'est quoi, cet événement intéressant, allez-vous me demander ? Ce que vous pouvez être curieux :-) Mais je suis gentil, alors je vais le dire. C'est l'erreur (enfin, à ce qu'ils disent) qui a fait que google a, pendant près d'une heure, signalé comme inapproprié la quasi totalité des sites qu'il indexe. Enfin, sauf les sites qui payent pour être sur les pages de résultat, bien sûr. C'est fou comme ce genre de chose (un peu comme les logiciels de facturation :-) ) fonctionnent toujours, elles. Les raisons qui font que cet événement peut être qualifié d'intéressant sont multiples. La première raison, c'est l'existence même de ce filtrage (il faut bien appeler un chat un chat). Il n'est pas nouveau, google ne s'en cache pas, mais les critères qui font qu'un site est filtré de la sorte sont des plus obscures. Pas de réel moyen de savoir si on est listé ou pas, et pour quelles raisons le cas échéant. La deuxième raison, c'est la facilité avec laquelle ce filtrage peut être mis en place. Le fait est que ce qui est présenté comme une « simple » erreur de manipulation a bloqué un très grand nombre de sites le démontre. L'ampleur du blocage a attiré l'attention des media, mais qu'en aurait-il été si seuls quelques sites avaient été bloqués suite à une erreur de moindre ampleur ? Quid des possibilités de recours alors, quid du délai de réaction de google ? Et quid également du dommage possiblement causé, alors que par une heureuse coïncidence les liens commerciaux des pages de résultat des recherches des utilisateurs fonctionnaient, eux ? La troisième raison, c'est l'opacité de ce système. De la part d'un acteur qui s'affiche en ardent défenseur de la «neutralité» des réseaux, on peut s'étonner de le voir lui filtre allègrement. Et pas que pour des raisons juridiques, qui seraient indépendantes de sa volonté. Faites ce que je dis, pas ce que je fais ? Et la quatrième, non que ce soit là la dernière, mais il faut, euh, raison garder, et quatre c'est plutôt bien déjà -- le nombre de doigts moins un d'une main humaine en général par exemple, c'est sûrement un signe (de quoi, je ne sais :-) ) -- c'est l'effet de ce filtrage sur le comportement des internautes. Les media se sont fait l'écho des baisses de trafic observées. Ou, plus exactement, parce que là aussi il faut raison garder, de la baisse de trafic que certains acteurs ont annoncé, parce qu'il ne faut pas oublier dans ces propos l'éventuelle opportunité de faire parler de soi. Mais peu importe, l'important est que l'influence ait été réelle et non négligeable. Que le simple fait que le moteur de recherche favori de nombreux internautes ait une telle influence dans le comportement de nous autres internautes soit avéré. Que se passerait-il demain si ce service (ou un autre, google n'étant en rien spécifique) venait à ne plus afficher tel ou tel site, ou l'afficherait comme étant inapproprié ? La réponse a hélas été esquissée il y a une dizaine de jours : les internautes cesseraient simplement, pour la plupart d'entres eux, de visiter ces sites, sans broncher. Pas vraiment rassurant, sauf si vous êtes un régime totalitaire (qui se présente ou pas comme tel :) ) ou si vous êtes un acteur qui a atteint une telle notoriété que nombre d'internautes utilisent vos services. Parce que cela veut dire que vous pouvez tranquillement filtrer, et qu'au bout du compte personne ou presque ne protestera. À vous le contrôle de l'information ou les revenus que vous pourrez tirer de ce filtrage en proposant contre monnaies sonnantes et trébuchantes un dé-listage. Il n'y a au bout du compte pas tant de différences que ça entre le «great firewall of china» et le «great firewall of google»... C'est si besoin était une illustration de la nécessité pour nous internautes d'être vigilant, d'être acteurs nous aussi et pas simples spectateurs ou consommateurs. Si nous nous soumettons de notre plein gré aux dictats de certains acteurs, il ne faudra pas être surpris si demain ces derniers viendront à en abuser, à nos dépens. Voilà, c'est tout pour cette fois. Promis la prochaine fois ce sera un sujet plus léger :-) À bientôt, Martin Au format PDF, cette newsletter est cliquable. Les mots en gras cachent des liens hypertextes. Passez la main Acrobat Reader sur l'un de ces mots, un W apparaît. Cliquez. Vous êtes sur Internet ;-) Toutes les marques de commerce, marques de service, logos et autres marques qui pourraient apparaitre dans cette newsletter appartiennent à leurs propriétaires respectifs.