Edition n° 1250 Vendredi 20 février 2009 Internet MAIS POURQUOI SONT-ILS AUSSI MéCHANTS ? Si la tribune de M. Luc Besson dans le quotidien Le Monde a souvent manqué de bon sens (cf. édition du 17 février), elle a au moins eu le mérite d'ouvrir de nouveau les débats, à quelques jours du passage devant l'Assemblée, du projet de loi création et Internet. L'examen vient d'être reporté d'une semaine. Les députes débattront de la loi dans un peu moins de trois semaines, le 11 mars exactement. Il y a quelques jours, la ministre de la Culture, Christine Albanel, a annoncé une mise en place de l'Hadopi «avant l'été». Et avant-hier déjà, elle était devant la commission des lois de l'Assemblée nationale et déclarait cette fois, «les Français sont prêts à accepter cette philosophie préventive». Les Français ou les Internautes ? Suite à l'affaire Beemotion, le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, soutenant M. Besson, a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le «piratage industriel». Egalement connu pour sa douteuse définition du «Web 2.0» (http://www.youtube.com/watch?v=xQF5BJMRQkw), l'actuel député des Hauts-de-Seine a été interviewé par une journaliste du quotidien gratuit 20 minutes. Une interview qui ne vient pas redorer le blason du porte-parole. Réagissant déjà à la tribune de Luc Besson sur son blog (http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/16/1318-quelques-lecons-de-droit-a-l-attention-de-luc-besson), l'avocat Maître Eolas a également réagit à l'intervention de M. Lefebvre, et d'une très belle manière :-) (http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/18/1319-tout-le-monde-n-a-pas-le-talent-de-luc-besson). Le 30 octobre dernier, la loi était approuvée en une seule journée de débats au Sénat. Parti au pouvoir et opposants avaient alors accepté le texte. Aujourd'hui, le parti d'opposition peine à s'accorder sur le texte car cette fois, le président à l'Assemblée vient de donner aux députés socialistes «son feu vert pour batailler contre la loi». Plusieurs points peuvent nous faire douter de la philosophie du texte, voire même nous montrer son côté caduc. Premièrement, la loi concerne le téléchargement, c'est-à-dire le fait d'enregistrer un fichier sur son ordinateur, et non le visionnage de musique ou de vidéos en direct, le fameux streaming, pointé du doigt par le célèbre producteur et réalisateur cinématographique. Ensuite, il y aurait pour l'internaute, le risque d'une triple peine ! La première, déjà en place aujourd'hui, la poursuite en pénal par les producteurs pour «contrefaçon». La deuxième peine, proposée par les sénateurs il y a quelques mois, une «alternative» à la coupure, la limitation du débit ou le bridage de la connexion. La troisième, clé de voûte du projet, la suspension de l'accès à Internet. Théoriquement, l'Hadopi pourrait donc suspendre l'accès, puis le limiter pour une durée d'un mois comme de deux ans ! Et par dessus tout , le pirate présumé pourrait avoir à payer une forte amende ! Autre point délicat, l'avenir des points d'accès Wi-Fi gratuits. Parc et jardins publics, fast-food, réseaux Fonera, réseaux Neuf-SFR, ou même réseaux ouverts de particuliers, depuis plusieurs années, les fameux hotspots se sont multipliés à vitesse grand V ! Proposition très discutable de la ministre de la Culture, que ces bornes «ne proposent l'accès qu'à un nombre déterminés de sites» répondant «aux besoins de la vie quotidienne». En clair, une «liste blanche» des sites Internet... Une idée venue de Chine ? Pour se protéger, des amendements à la loi proposent des «outils de sécurisation», dont on ignore encore le fonctionnement (filtrage de ports, liste noire d'adresse Internet, blocage de protocoles, ...). Ces outils seront à priori payants (!?) et certifiés par l'Hadopi. La naissance d'un marché juteux pour les éditeurs de logiciels ? Et quid de l'interopérabilité ? Face à la Haute Autorité administrative, le propriétaire de la connexion, s'il est présumé coupable, pourra user de seulement trois excuses valables : - Il prouve un acte de force majeur (un tremblement de terre m'a fait cliquer sur bouton «Download»). - Il prouve le piratage d'un tiers (il faudra bien du courage aux non-initiés). - Il démontre que l'outil de sécurisation était activé au moment des faits (comment prouver alors qu'il était «gelé» ?) Côté offre légale, le (seul ?) point positif peut être trouvé dans un amendement qui diviserait par deux les délais de sortie des films en vidéo. Les formats DVD et VOD sortiraient en même temps, entre 3 et 6 mois, contre 6 à 18 mois aujourd'hui. Seulement, cet amendement dépend encore de la volonté des acteurs. Producteurs, exploitants de salles, associations, devaient se réunir depuis longtemps pour discuter de cette refonte concernant la chronologie des médias, mais aujourd'hui, les débats sont toujours au point mort. Côté prix, on peut en profiter pour rapidement dénoncer «l'entente cordiale» des deux grands exploitants, UGC et Gaumont Pathé, qui proposent une offre illimitée, dont le prix, presque identique, stagne depuis bien longtemps... Dernière affaire en date, l'utilisation par l'UMP, sans autorisation, d'une musique du groupe MGMT lors de deux meetings et sur Internet. L'avocate du groupe ayant déclaré «on voit que ceux qui préconisent la chasse aux internautes ne sont pas les plus respectueux du droit des artistes»... Aïe... Et puis un nom de fichier n'a jamais garanti son contenu. Un fichier nommé «La vie en rose.mp3» pourrait très bien en réalité n'être qu'une symphonie tombée dans le domaine public :-) Pour le prouver, il faudrait qu'on ouvre nos colis... Le site qui déchire du vendredi JE TOONISE, TU TOONISES, ... Toonisation, détoonisation, des termes que même Wikipédia ne répertorie pas encore. Pour mieux comprendre, un coup d'oeil sur les images de ce site suffira :-) http://mataleonerj.deviantart.com/gallery/ Au format PDF, cette newsletter est cliquable. Les mots en gras cachent des liens hypertextes. Passez la main Acrobat Reader sur l'un de ces mots, un W apparaît. Cliquez. Vous êtes sur Internet ;-) Toutes les marques de commerce, marques de service, logos et autres marques qui pourraient apparaitre dans cette newsletter appartiennent à leurs propriétaires respectifs.